II/Un
modèle culturel qui se modernise
A/Mutations
structurelles et culturelles
1)
Assouplissement de l'emprise de la famille
Les indiens utilisent des termes comme « maisonnée » ou «
parenté » pour désigner la famille car ils ressentent un besoin
d’appartenance, ce besoin s’exprimant aussi au sein du système
des castes. Ces familles sont très unies, ce sont des familles «
indivises », c’est-à-dire des familles qui respectent la
tradition, « l’Ordre du monde », le système des castes.
a)
La structure de la "maisonnée"
Cet éloignement est visible par le vocabulaire et le comportement
qu’utilisent les personnes entre eux, plus intime et direct avec
une personne proche, et plus impersonnel avec une personne plus
détaché. Cependant, il y a une obligation d’entraide au sein
d’une même ligné, par contre il n’y a pas de notion
d’appartenance des biens matériels. Tout ce que possède un agent
est mis à la disposition de tous. La famille conjugale qui
correspondrait à l’occident n’est pas très répandue en Inde,
elle tend à se développer pour des raisons comme la mobilité des
emplois qui poussent les couples à déménager et donc à quitter la
maisonnée. Ces pratiques ne sont en aucun cas une rupture avec le
modèle indien mais sont plus une antenne extérieure à la famille
indivise.
b)
Le rôle de la femme
2)
Assouplissement des matrices religieuses
a)
Point global
Aujourd'hui l'hindouisme demeure la religion la plus pratiquée avec
près de 827 millions de fidèles. Les religions musulmanes et
chrétienne ainsi que d'autres minorités suivent ensuite.
La religion joue un rôle majeur dans le mode de vie indien puisque
celui-ci s'articule quotidiennement autour de rites, de prières mais
aussi de pratiques sociales et religieuses. Ainsi on peut affirmer
qu'il existe en Inde une matrice religieuse qui régit des valeurs et
des normes et domine les individus dans leur choix de vie. Cette
approche holiste est largement reconnue et acceptée par les indiens
dans la mesure ou la pratique religieuse est en Inde une institution.
b)
Une mutation
Aujourd’hui,
le sous-continent indien connait une croissance économique rapide
qui semble quelque peu modifier un modèle culturel millénaire fondé
sur la prééminence de la matrice religieuse. Historiquement la
Constitution fait de l'Inde une république laïque, interdisant la
discrimination basée sur la religion et consacrant la liberté de
conscience. Cependant le droit civil indien reconnait l'application
du droit hindou et de la charia pour les citoyens hindous ou
musulmans.
Ainsi l'inde religieuse connait de profondes mutations aujourd'hui
dans la mesure ou semble se développer un assouplissement de ses
pratiques. Si l'athéisme fait en Inde figure d'exception les
diverses religions se caractérisent en elles même par des
divergences internes.
La religion majoritaire se caractérise par une hiérarchisation de
ses fidèles en fonction de leur hérédité qui détermine leurs
fonctions dans la société et leur degré de pureté. Ce système
plus connu sous le nom de castes semble aujourd'hui entrer en voie de
rémission puisqu'il est en partie interdit par la Constitution.
Cependant ce modèle social ne disparait totalement mais évolue
plutôt vers de nouvelles modalités dont la mobilité sociale
jusque-là interdite. Ainsi de nombreux intouchables occupent
aujourd'hui de hautes fonctions.
Ainsi on peut dire que la croissance économique indienne influe sur
sa culture. En effet, la religion connait des mutations, notamment
dans certains de ces fondements ou structures.
3)
La classe moyenne et la société de consommation
a)
La classe moyenne
Durant ces dernières années, l’Inde a connu l’émergence d’une
nouvelle classe moyenne qui compte 250 millions de membres. Cette
notion de classe moyenne est compliqué à définir car elle dépend
des propriétés que l’on possède (magasin, maison, voiture…)
et du pouvoir d’achat de l’individu.
Cette classe moyenne devrait compter 580 millions d’indien en 2025
(d’après le gouvernement indien).
Aujourd’hui, cette nouvelle classe est essentiellement composée
d’hindi (jeunes hommes et jeunes femmes âgés de 20 à25 ans et
qui sont financièrement indépendants).
Les personnes appartenant à cette classe sont ancrés dans une
société de consommation (ils s’inspirent des occidentaux en
achetant des jeans , du parfum , des chaussures et des vêtements
occidentaux…).Cette apparition de nouveaux consommateurs
s’accompagne de plusieurs révolutions dans divers secteurs comme
l’électroménager , l’automobile ou encore les technologies de
l’information et de la communication.
L’émergence de cette classe moyenne permet de favoriser la
croissance économique indienne .
b)
La société de consommation
Cette société de consommation risque de changer le visage
économique indien car la consommation demande une forte
libéralisation. Cette classe moyenne possède une forte homogénéité
due à des valeurs communes et avec le succès de la société de
consommation, les personnes constituant la classe moyenne ne partage
plus les idées des grands capitalistes (qui constitue le parti du
congrès).
L’Inde est un pays qui possède qui possède une tradition très
forte, mais cette tradition est de moins en moins pesante à l’image
de l’assouplissement de la famille ou de la religion. Cet
assouplissement est d’ailleurs renforcé par l’émergence d’une
nouvelle classe sociale et par l’entrée du pays dans la société
de consommation. Cette mutation se voit notamment dans le cinéma.
B/Le
cinéma, reflet d'une société en mutation
Le cinéma
Indien, communément appelé "Bollywood", désigne la
réunion de plusieurs entités cinématographiques, présentes sur
tout le sous-continent Indien. Le mot "Bollywood" est donc
un mot valise. Cette appellation comprend Bollywood (films en langues
Hindi et ourdou, réalisés à Mumbai), Kollywood (films en langue
tamoul, réalisés à Chennai), Tollywood (films en langues télougou
et en bengali, réalisés Andhra Padresh, et au bengale occidental),
Malluwood (en langue malayalam, réalisés en Kerala) ou encore
Sandalwood (films en langue kannada, réalisés au Karnataka).Le
cinéma est en inde le loisir le plus répandu et accède au statut
d'industrie. Bollywood illustre une société en mutation. Entre
tradition et modernité, le cinéma Indien tente de trouver sa place,
dans un Inde qui se recherche...
1)
Des cinémas indiens stéréotypé et attaché à leurs traditions
a)
Point historique
Vers
1920, la production de film en Inde est faible et tourne autour d'une
trentaine de films par an puis elle s'accélère dans les années
1930, pour dépasser les 200 films annuels. Alam
Ara, film hindi sorti en 1931 et
comprenant sept chansons, est le modèle de ce que deviendra la
majeure partie de la production indienne.
Après
la Deuxième Guerre mondiale, le cinéma Indien recoit des
récompenses internationales comme un oscar grâce à "Pather
Panchal" de Satyajit Ray en
1955: C'est l'âge d'or du cinéma Indien. Cependant, le monde reste
assez fermé à ce septième art qui demeure mystérieux et
incompris. Ce n'est qu'au nouveau millénaire que Bollywood va se
voire ouvrire les portes du marché mondial avec des succès comme
"La famille indienne",
"Lagaan"
et "Devdas".
Ainsi par exemple, Eros, distributeur dans le sous-continent, est
introduit à la Bourse de Londres en 2006.
b)
Familles, religion et mythes
Ainsi
le cinéma indien propose des masala
: films irrationnels
mettant en scène des intrigues manichéennes ou un héros
extraordinaire (qui tend au demi dieu) affronte son pendant
"maléfique"
et secoure l'héroïne (qui joue un rôle mineur) dans un monde
pourtant rationnel. On
notera aussi qu'il existe dans ce cinéma une part très importante
accordée aux dieux et à leur omniprésence dans le monde actuel.
Bande annonce du film. http://www.youtube.com/watch?v=nybCC59vxgI
Dans
le même ordre d'idée se développent d'autres types de films
(notamment hindi) aux intrigues mélodramatiques mettant en scène
des tragédies religieuses ou familiales et qui illustrent une Inde
ancestrale et attachée a ses valeurs traditionnelles. Plus
précisément ce type de cinéma défend l'honneur familial, le
respect des anciens ou encore le mariage arrangé considéré comme
l'acte social traditionnel intériorisé
par tous. Le public, se retrouve facilement dans les personnages
principaux, luttant contre la fatalité et contre leur destin.
Plus
généralement tous les cinémas indiens se caractérisent par la
présence des chansons traditionnelles et des danses et qui varient
du baratanatyam
au dapann kuttu
(danse paysanne caractérisé par un rythme effréné et violent).
Ainsi on
comprend que le cinéma indien traditionnel illustre une société
stéréotypée et profondément attachée à ses coutumes notamment
en matière de religion ou encore de famille. Dans une Inde peu
développée ce cinéma apparait donc comme une juste représentation
de la réalité quotidienne des indiens marquée par les traditions
sociales ou encore religieuses.
Les cinémas Indiens ont toujours été le fruit de contestations du
droit d'auteur, et de la propriété intellectuelle, s'appropriant
des scénarios du vieux continent comme du nouveau, l'adoptant à la
culture de certaines régions. Cette méthode n'est pas nouvelle,
elle a été initiée, la première fois en 1896, par le film Train
entrant en gare de Bombay, copie d'un film des frères Lumière
(l'Arrivée d'un train à La Ciotat). On appel ce genre de film
Hollywood masala, les «films hollywoodiens à la sauce indienne».
Ce mouvement est maintenant en voie de rémission, mais il persiste à
moindre mesure encore aujourd'hui. De même, la diffusion des
longs-métrages est difficile, même si le sous-continent compte
douze mille cinémas et plus de soixante mille vidéoclubs. Toutes
les populations ne sont pas touchées par le cinéma, comme les
habitants des régions en périphériques des villes. Ainsi les
producteurs ne visent que les Indiens, habitant dans les villes,
ayant un revenu moyen voire bas. Le cinéma Indien est ainsi une
culture de masse, et non élitiste. La vente de films avant leur
sorti au cinéma est très fréquente, la corruption des agents de
production et le vol de film monnaie courante. Il s'organise donc en
dehors des cinémas traditionnels, des projections clandestines, qui
intéressent les gens à faible revenu, ou envieux de faire des
économies.
2)
L’heure du changement
a)
Influences
Bande annonce du film. http://www.youtube.com/watch?v=Qwd2fiql9OQ
En
parallèle de ce cinéma indo occidental émerge un cinéma tourné
vers des intrigues plus complexes et qui dénonce les travers d'une
société enlisée dans des valeurs dépassées par le temps. Ce
cinéma par ce qu'il illustre démontre la nécessité du changement
et défend l'idéal d'une Inde enfin moderne et épousant les valeurs
occidentales. L'exemple le plus marquant est et demeure le scenario
mettent en scène deux jeunes amants dans une ville moderne (symbole
de la nouveauté) pourchassés par leurs familles qui refuse leur
alliance soit pour cause religieuse, avec le problème des castes ,
soit parce que la jeune fille est déjà promise a son cousin. Ce
genre de film entend proposer une réflexion sur l'ancien et le
nouveau et critiquer certaines traditions.
Cette chanson est en soi une imitation parodique de traditionnelles
chansons des films masala.
Le
cinéma illustre donc une société qui mute, en raison de son
progrès, et qui évolue très
progressivement vers des modèles
sociaux occidentaux. Cependant le cinéma indien peut aussi
apparaitre comme une dénonciation du progrès, dans la mesure ou
plusieurs films dénoncent, implacablement, la pauvreté ou encore
la misère sociale qui sont directement issus des déséquilibres de
la croissance économique (espaces ruraux isolés, ravages sociaux,
....)
b)
Le cinéma d'auteur
Certains
réalisateurs indiens entendent échapper au diktat
du nouveau cinéma à grand public. N'abandonnant pas pour autant la
quête de profits ils développent des thématiques plus complexes ou
initient de nouvelles techniques et de nouveaux genres
cinématographiques. Ainsi l'avènement de comédies musicales
indiennes est une réalité. Avec pour exemple les films de Raj
Kapoor comme Shree 420 (1955)
qui sont considérés comme exceptionnels. On chante et on danse
aussi chez Guru Dutt mais il atteint dans le mélodrame même une
sorte de perfection. (L'assoiffé 1957).
Certains
films sont également liés à une vocation politique ou sociale :
Bombay
film de mani ratman est inspiré des violentes émeutes
intercommunautaires entre musulmans et hindous a Bombay durant
l'hiver 1992-1993.
Dans
le même ordre d'idée Daravi 1991 Sudir Mishra narre une histoire
violente et tragique ponctuées de séquences chantées et dansées
dans les bidonvilles de Bombay. Un autre exemple de cinéma d'auteur
est C'est loin la mer? 1994
de Jahnu barua qui peint l'existence d'un vieux batelier qui veut à
tout prix que son petit-fils fasse des études. Cependant ces
tentatives restent minoritaires dans la mesure où le public demande
surtout un bon moment de plaisir et de détente pour oublier ses
soucis ...
Pour
conclure, on peut donc dire que le cinéma indien reflète une
société en pleine mutation entre modernité et repli sur ses
traditions....
bv
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